JCC 2015: Des Yennengas Chez le Tanit

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  Que les Journées Cinématographiques de Carthage décident cette année de célébrer le grand festival panafricain le FESPACO, rien de plus naturel. Carthage, n’a – t – elle pas été toujours la sœur jumelle sinon l’ainée de Ouagadougou ? De par son nom arabe « Afriquya » qu’elle donna par la suite à l’ensemble du continent, la Tunisie a toujours été au centre de la cause africaine. Et ce n’est pas par hasard qu’Habib Bourguiba, le père de l’indépendance tunisienne, fut un grand leader du panafricanisme. Un autre tunisien pas moins important que Bourguiba, cèlera, quant à lui, le destin de la relation entre les deux festivals : les JCC de Tunis et le FESPACO de Ouagadougou.  Il n’est autre que ce cinéphile mordu, tunisien de nationalité mais africain d’esprit et de cœur qui est Tahar Cheriaa, auteur entre autres du fameux « Ecrans d’abondance ». Un pionnier, un combattant et un vrai militant de la première heure en faveur du cinéma africain. Son engagement, sa conviction et sa clairvoyance ont fait de lui un grand frère pour tous les cinéastes africains de l’époque.

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        Dès 1972, le FESPACO : Festival Panafricain de Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou devient une sorte d’alter égo, si l’on peut dire, des JCC : Journées Cinématographiques de Carthage. Cheriaa était alors responsable à l’OIF. Il contribue activement à la transformation du FESPACO en un grand festival de cinéma organisé et soutenu par les autorités burkinabé. Il parvient à convaincre les organisateurs à en faire, à l’image des JCC, une biennale qui se tient durant les années impaires laissant les paires pour les JCC. Ainsi, au lieu d’être concurrents en se disputant chaque années les quelques productions africaines qui voient le jour de part et d’autre du Grand Sahara, les deux manifestations deviennent plutôt complémentaires voire même complices. C’est dans cette atmosphère que des cinéastes africains ont pu s’imposer sur le plan continental et puis international. Qu’ils se croisent dans les maquis de Ouaga ou sur les terrasses des cafés de Tunis, les cinéastes africains parlaient le même langage et luttaient tous pour la même cause. De ces échanges et de ces débats parfois houleux mais souvent instructifs et édifiants ont jailli les étincelles du génie artistique africain.

Newton Aduaka Mohamed Mouftakir

Ethiopian director Haile Gerima is pictured with the Tanit d'or trophy for his film "Teza" during the closing ceremony of the 22nd Carthage International Film Festival (JCC) on November 1, 2008 in Tunis' municipal theater. Favourite at the biennial event, notable for showcasing Arab and African films equally, was Gerima's "Teza", which made waves at the Venice Mostra last month and picked up a special jury prize. AFP PHOTO/FETHI BELAID (Photo credit should read FETHI BELAID/AFP/Getty Images)

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        C’est en voulant rendre hommage à cet esprit là, que les JCC accueillent aujourd’hui tous les films couronnés au FESPACO par l’Etalon de Yennenga (Grand prix du festival). Un hommage que nous souhaitons synonyme de renaissance pour cette solidarité africaine exemplaire entre les deux festivals. C’est également un devoir de mémoire envers des œuvres et des artistes qui ont fait la gloire de nos cinématographies. Notre objectif est d’offrir à ce formidable public des JCC l’ultime chance de (re) découvrir Oumarou Ganda, Mwezé Ngangura, Souheil Ben Barka, Kramo Fadika, Med Hondo, Gaston Kaboré, Newton Aduaka … et tous ces cinéastes que le FESPACO nous a révélé au fil des années. Mieux encore, le public sera appelé à décerner un « Tanit d’Or » au meilleur Etalon. Une sorte de « prix des grands prix » pour ainsi dire.

Voilà comment les JCC perçoivent en 2015 l’avenir du cinéma en Afrique dans la continuité du combat mené par les pionniers mais en phase également avec les nouvelles perspectives qui s’ouvrent aujourd’hui devant nous. Que vive l’Afrique, que vive le cinéma.

Mahrez Karoui

Catalogue officiel JCC 2015 (21-28 Novembre2015)

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